« Dans le domaine de la formation, on n’arrive à rien si les choses sont prescrites » (Catherine Fabre au RDV du droit)

image illustrant la réforme de la formation professionnelle
Auteur Nicolas Deguerry - Centre Inffo pour le Carif Espace Compétences - 26/09/2018
 

Catherine Fabre, députée LREM et rapporteure pour les volets formation et apprentissage de la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », était l’invitée du septième rendez-vous « Dessine-moi la réforme ! » organisé par Centre Inffo (Paris, 25 septembre 2018). Évoquant une réforme appelée à abolir les logiques prescriptives, elle a décrit un « changement de paradigme » destiné à conduire les individus et les entreprises à « s’emparer de leur destin ».

De l’intérêt, des questions, des espoirs et aussi des inquiétudes. C’est sans doute tout cela que traduisait le public venu nombreux – l’événement affichait complet-, pour assister à ce décryptage de la loi du 5 septembre 2018. L’occasion pour Catherine Fabre, rapporteure des volets formation et apprentissage, de réagir en direct à un micro-trottoir réalisé par Centre Inffo aux abords du Stade de France. Interrogés sur leur rapport à la formation et leur connaissance des dispositifs afférents, ouvriers, employés et cadres dressent en creux un exposé des problématiques ayant conduit à la réforme : complexité du système et inégalité de l’accès à la formation. « Je ne suis pas étonnée », commente Catherine Fabre.

Cibler les plus fragiles

Pas étonnée, voire satisfaite de pouvoir ainsi défendre l’un des principaux objectifs de la loi : « redistribuer l’argent de la formation vers ceux qui en ont le plus besoin. » C’est par exemple le dispositif Pro-A, qui succède à la période de professionnalisation et qui cible les moins qualifiés. Par un avenant au contrat de travail, les salariés vont pouvoir accéder à une formation qualifiante en alternance, « jusqu’au niveau III [3] », précise-t-elle. Confiante dans la capacité de la future appli CPF à améliorer l’accès de tous à la formation, la rapporteure ne méconnaît pas les critiques qui soulignent qu’une partie de la cible pourrait avoir du mal à s’orienter seule dans le marché de la formation. Mais elle en est convaincue, l’un des intérêts de la loi est justement d’accompagner l’ensemble des acteurs dans l’acquisition d’une « culture de la formation » qui fait défaut à la France.

Accompagner autrement

Le conseil en évolution professionnelle, l’entretien professionnel et la pertinence des informations qui seront diffusées via l’appli sont ainsi autant d’outils de nature à prodiguer une « autre forme d’accompagnement ». Certes, la « fracture digitale » est une réalité qui pourrait poser problème à certains, mais plutôt que de renoncer au numérique, le gouvernement choisit d’accompagner la montée en compétences : ainsi, par exemple, du Pic [4], qui permet de déployer des formations au numérique au bénéfice des demandeurs d’emploi. Convaincue que l’ « on n’arrive à rien dans le domaine de la formation si les choses sont prescrites », elle insiste sur la vertu d’une loi qui invite entreprises et individus à « s’emparer de leur destin ». Et, souligne-t-elle, c’est précisément pour accompagner ce « changement de paradigme » que les futurs opérateurs de compétences sont « redéployés sur des missions de conseil ».

Alors que « tout commence aujourd’hui », Catherine Fabre sait que sa mission continue : suivre les décrets, vérifier la pertinence de l’appli, s’assurer du bon usage de la VAE dans l’adaptation des parcours de formation à chaque individu ou lancer, d’ici à un an, une mission d’évaluation, font désormais partie de ses objectifs. Et parce qu’elle sait que le succès de la réforme dépend maintenant de la capacité des acteurs à s’en saisir, elle prévoit aussi de porter la loi sur l’ensemble du territoire, en formant et mobilisant les 577 députés.

En complément, lire la 5è édition du dossier documentaire "Regard sur les réformes de la formation et de l’apprentissage".

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 Vidéo / Interview

Réforme de la formation : Conférence animée par Jean-Philippe Cépède le 12 juin 2018 à Marseille

 

 

 Réglementation

LOI n° 2018-771 du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel

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La loi en 10 points clés

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