Opérateurs de compétences : « L’objectif est vraiment d’avoir des champs cohérents » (rapport Marx-Bagorski)

image illustrant la réforme de la formation professionnelle
Auteur Nicolas Deguerry - Centre Inffo pour le Carif Espace Compétences - 10/09/2018
 

Dans un entretien accordé vendredi 7 septembre au Quotidien de la formation, Jean-Marie Marx [Jean-Marie Marx a quitté le 5 septembre la présidence du Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles, après avoir été nommé, le 18 juillet, haut-commissaire aux compétences et à l’inclusion par l’emploi.] et René Bagorski [Président de l’Association française pour la réflexion et l’échange sur la formation (Afref).] précisent la ligne de conduite qui a animé leur mission sur les opérateurs de compétences (voir notre article). Ils soulignent le souci de « cohérence » qui a présidé à la définition du périmètre d’intervention des nouveaux organismes. Et si la réduction de moitié du nombre d’opérateurs peut surprendre, les rapporteurs se défendent de toute radicalité : « le nombre n’était certainement pas la préoccupation première », assure Jean-Marie Marx.

La volonté d’aboutir à « des champs cohérents construits à partir d’une approche proximité et compétences, métiers » a guidé les choix des deux rapporteurs, Jean-Marie Marx et René Bagorski, pour proposer le champ d’intervention des opérateurs de compétences appelés à remplacer les Opca . C’est d’ailleurs ce souci qui, souligne le haut-commissaire aux compétences, les a conduit à proposer des opérateurs de taille très variable. Et si le découpage proposé par les rapporteurs n’a pas vocation à s’imposer, René Bagorski en défend la pertinence. « Il serait dommage, sous prétexte de gouvernance ou d’enjeux particuliers, de se retrouver à 12, 13 ou 14 opérateurs ». Et d’insister : « c’est pour cela que nous avons lourdement insisté pour que ceux qui sont chargés de délivrer les agréments se déterminent en fonction de la cohérence des champs ». Certes, le rapport prévoit la possibilité pour certains secteurs de se rattacher à différents opérateurs, « mais à condition que cela se fasse en bloc », répète le président de l’Afref : « Il est hors de question que des branches qui appartiennent à des mêmes champs de cohérence soient dans des endroits différents », avertit-il. Soulignant « l’accueil très favorable » réservé au rapport par la ministre du Travail, Jean-Marie Marx prévient ceux qui seraient tentés de procéder à des bricolages : « il faudra vraiment avancer des arguments... »

Interprofessionnel

Au-delà du nombre d’opérateurs, le sort réservé à l’interprofessionnel peut également interroger. Tout en faisant remarquer que l’interprofessionnel a fortement évolué au cours des dernières années vers de l’interbranches, René Bagorski souligne qu’ « il n’est pas question que le savoir-faire et la valeur ajoutée des deux Opca interprofessionnels [Opcalia et Agefos-PME.] disparaissent ». L’intérêt de l’ancrage territorial des Opca interprofessionnels est ainsi souligné dans le rapport et, le président de l’Afref le rappelle, celui-ci prévoit la possibilité de créer un opérateur à partir d’un Opca existant ou de créer une nouvelle entité qui tiendrait compte des compétences de différents Opca (recommandation n° 3).

Transition

S’agissant des facteurs de succès de la période de transition qui s’ouvre, Jean-Marie Marx la souhaite « la plus courte possible, avec des orientations claires ». Alors que l’objectif est que l’ensemble des nouveaux agréments soient délivrés au plus tard le 1er avril 2019, René Bagorski souligne que les parties prenantes « n’ont attendu ni la mission, ni le rapport, pour commencer à réfléchir ensemble ». Qui plus est, il rappelle que la DGEFP pourra accompagner les branches qui ne parviennent pas à déterminer leur champ de cohérence. Estimant que « la balle est désormais dans le camp des branches », les deux experts s’affichent « optimistes » en assurant que la situation a déjà beaucoup évolué entre le début de la mission et la remise du rapport. Et Jean-Marie Marx de conclure : « on ne part pas d’une feuille blanche, même si la situation n’est pas la même partout, des contacts sont en cours et tout se met en mouvement. »

11 opérateurs de compétences

La mission Marx-Bagorski propose de passer de 20 Opca à 11 opérateurs de compétences. Sous réserve d’initiatives autres, les regroupements envisagés sont les suivants (en gras l’opérateur de compétences, entre parenthèses, les secteurs concernés) :

  • Agriculture et transformation alimentaire (agriculture, production maritime, transformation alimentaire)
  • Industrie (regroupement des secteurs industriels)
  • Construction (bâtiment et travaux publics)
  • Mobilité (transports routier, ferroviaire, aérien, maritime, fluvial et services à l’automobile)
  • Commerce (détail et grande distribution)
  • Services financiers et conseil (regroupement des services financiers et de conseil banques, assurances, activités de conseil et professions juridiques)
  • Santé (regroupement des professions de la santé et médico-social)
  • Culture et médias (regroupement des activités culturelles et du secteur des médias presse, audiovisuel, etc.)
  • Cohésion sociale (Champ social et insertion, sport)
  • Services de proximité et artisanat (professions de l’artisanat, professions libérales, hôtellerie, restauration, tourisme)
  • Travail temporaire, propreté et sécurité (travail temporaire, propreté et sécurité privée)

Les opérateurs de compétences : transformer la formation professionnelle pour répondre aux enjeux de compétences, rapport de la mission confiée à MM. Jean-Marie Marx et René Bagorski par Mme la ministre du Travail, 49 p., 24 août 2018 : format PDF – 2,11 Mo

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