L’évaluation du système de formation, un des enjeux de la réforme
« La formation n’est pas une fin en soi, c’est un moyen qui s’exerce dans un contexte et avec des interactions. Si on ne mesure pas ces éléments on a une vision partielle, voire tronquée, de la réalité », estime Alain Druelles, conseiller formation professionnelle et apprentissage au cabinet de la ministre du Travail. D’où l’intérêt de l’enquête Défis initiée par le CNEFP. Conduite par le Cereq et financée par le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), elle permet de mesurer les effets de la formation sur un panel de 16 000 salariés suivis pendant une période de cinq ans (2014-2019). Ce type d’étude menée sur un temps long a vocation à se développer
Comité scientifique national d’évaluation
« Suivre les trajectoires des personnes est une dimension centrale du plan d’investissement dans les compétences (Pic) », rappelle Carine Seiler, conseillère spéciale auprès du Haut-commissaire aux compétences et à l’inclusion par l’emploi. Pour ce faire, un comité scientifique national d’évaluation a été créé dans le cadre du Pic. Composée de 17 chercheurs et dotée d’un budget de 18 millions d’euros sur cinq ans, cette instance a vocation à évaluer tous les programmes nationaux ainsi que trois initiatives menées par les Régions dans le cadre des Pactes régionaux d’investissement dans les compétences.
De plus, le haut-commissariat va lancer au 1er trimestre 2019, avec la Dares, une enquête auprès de 120 000 personnes en recherche d’emploi. Objectif : « avoir une vision globale qui aille au-delà des logiques de programmes ou de dispositifs et disposer d’un étalon pour mesurer les évolutions », précise Carine Seiler.
Consolidation des données
Mesurer l’efficacité des politiques de formation et leurs effets sur les parcours professionnels nécessite cependant d’avoir des données fiables. Une logique qui a guidé le projet Agora démarré en 2017. Financé par le Pic (Plan d’investissement dans les compétences), il consiste à consolider les données des systèmes d’information de tous les acteurs du champ de l’orientation et de la formation professionnelles. Le déploiement de cet « entrepôt de données » débutera mi-2019 et concernera dans un premier temps les Régions. À terme, l’objectif est de « disposer d’indicateurs sur la réalisation des actions de formation et sur les trajectoires des personnes » et, in fine, d’évaluer l’efficacité du système de formation.
La création de France Compétences, selon Alain Druelles, répond aussi à cette nécessité d’avoir « une vision à 360° de ce qui se passe en matière de formation ». Parce qu’elle sera un point de passage des contributions des entreprises, cette instance quadripartite permettra d’avoir « une compréhension de l’ensemble des financements et de leurs résultats, tous acteurs confondus. » Reste à savoir sur quels outils et quelles méthodes va s’appuyer France Compétences pour rendre compte des effets de futur système de la formation et émettre des recommandations. « Nous avons un enjeu de transparence et d’efficacité collective », estime Alain Druelles.