Un manifeste pour que l’université s’empare de la réforme de la formation professionnelle

image illustrant la réforme de la formation professionnelle

Auteur Mireille Broussous - Centre Inffo pour le Carif Espace Compétences - 3/01/2019
 

Le réseau FCU (Formation continue à l’université) qui compte 100 adhérents parmi lesquels 80 universités a publié, en décembre, le manifeste « Pour une université ambitieuse sur les nouveaux marchés de la formation professionnelle ». Son objectif : impulser une stratégie qui permettra aux pôles de formation continue des universités de trouver leur place sur un marché de la formation libéralisé. Interview du président du réseau FCU, Franck Giuliani.

Le Quotidien de la formation - Pourquoi avez-vous décidé de publier ce manifeste en décembre ?

Franck Giuliani - Il nous semblait que c’était le bon moment. La loi sur la réforme de la formation professionnelle a été votée, les décrets paraissent et les acteurs commencent à se positionner. Il est donc temps de nous emparer de la réforme, d’expliquer la lecture politique qu’en fait le réseau FCU, d’émettre des recommandations et d’expliquer comment nous allons accompagner les universités pour qu’elles s’approprient cette réforme et la transforment en opportunité.

Le Quotidien de la formation - Quels sont les atouts de la formation professionnelle des universités ?

Franck Giuliani - Les universités forment tous les ans 470 000 stagiaires et réalisent 410 millions d’euros de chiffre d’affaires — ce qui représente 5 % du marché de la formation professionnelle —. La nation est en droit d’attendre beaucoup plus de l’université car elle a un fort potentiel… Nos atouts, c’est de disposer d’un fonds important à travers les enseignants-chercheurs et d’une réelle capacité à innover. En outre, nous dispensons des formations et nous sommes aussi organisme certificateur. Nous disposons donc de toute la chaîne. Malheureusement, celle-ci manque de fluidité…

Le Quotidien de la formation - Pour quelles raisons ?

Franck Giuliani - Les présidents d’université ont conscience des enjeux de la formation continue mais les universités sont de lourdes machines centrées sur la recherche, la formation initiale et donc préoccupées par la gestion des grandes masses. Nous n’avons donc pas l’agilité des autres opérateurs et ne bataillons pas avec les mêmes armes. C’est pourquoi notre manifeste est aussi un message d’alerte.

Le Quotidien de la formation - Quelles sont les mesures prioritaires que doivent prendre les pôles de formation continue des universités ?

Franck Giuliani - Il y en a deux. La première, c’est de continuer à travailler sur la qualité. Nous avons développé avec Bureau Veritas une certification de service. Un quart des adhérents de FCU a été certifié, un autre quart le sera en 2019. C’est un bon début. Nous devons continuer à faire de la qualité un outil d’amélioration continue mais également de marketing externe pour nous positionner sur le marché. L’autre priorité concerne la structuration de notre offre en blocs de compétences et le développement de la formation à distance. Être capable de proposer des produits de formation adaptés au marché exigera un important travail d’ingénierie.

Le Quotidien de la formation - A-t-il déjà démarré ?

Franck Giuliani - Oui, l’offre de formation est en train de se transformer mais trop lentement. C’est de notre capacité à accélérer notre rythme de transformation de l’offre que dépendra notre visibilité. Rappelons que dès l’automne prochain, l’application CPF sera disponible… Nous devons aller vite pour être en mesure d’assurer ensuite le marketing de ces formations. Si nous n’agissons pas avec rapidité, nous n’aurons plus notre place car le marché ne nous attendra pas.

Le Quotidien de la formation - Que préconisez-vous pour y parvenir ?

Franck Giuliani - Nous devons convaincre les acteurs des universités de suivre nos préconisations. Notre message bouscule notre système de valeurs, nous y parlons de modèle économique, d’investissements et de retour sur investissements, de changement de posture. Il peut donc paraître libéral. Mais ne nous y trompons pas. Notre objectif, c’est de promouvoir la sécurisation des parcours professionnels et de maintenir vivant le service public afin que la formation professionnelle reste accessible à tous et à tous les moments du parcours professionnel de chacun.

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