Réforme de la formation : les entreprises entre anticipation et incertitudes (congrès LTD)
La formation en situation de travail
C’est le cas d’Onet, leader dans le secteur de la propreté. Alors qu’il est prévu d’intégrer la Fest (Formation en situation de travail) à la définition de l’action de formation finançable, le groupe a un temps d’avance. « Nos salariés ont de bas niveaux de qualification et n’ont pas d’appétence pour la formation. Ils sont souvent à temps partiel, ont plusieurs employeurs... Nous avons travaillé avec la branche pour faire en sorte que la formation aille vers eux », explique le directeur formation, Christophe Pons. L’utilisation de cette modalité dans l’optique d’une acquisition de compétences nécessaires à l’entreprise, fait-il valoir, est administrativement plus légère et moins coûteuse. « Le passage de l’utilisation de produits de nettoyage chimiques à des produits biotechnologiques est l’occasion de la tester. Nous visons 10 000 à 15 000 bénéficiaires », indique-t-il. Le tout, en misant sur les managers de proximité, formés à la fonction de formateur, dans une logique « d’entreprise apprenante ».
Co-investissement et modularisation
Côté RATP, on a misé sur le co-investissement dans le cadre du CPF bien avant la publication du projet de loi. « Nous avons conclu un accord formation en février dernier, après avoir convaincu trois des syndicats représentatifs sur quatre [Sud, CGT, CFE-CGC] », affirme Claude Léopold, responsable politique de formation. « Le but est de permettre aux personnes de conserver leur employabilité, mais aussi d’effectuer un vrai parcours dans l’entreprise : passer de la conduite de bus à la conduite d’un métro, ou à la sécurité... », ajoute-t-elle. La RATP, qui consacre 7 % de sa masse salariale à la formation, offre à ses salariés la possibilité d’acquérir des titres et certifications. « Nous revoyons nos formations pour les modulariser, dans l’optique de parcours adaptés à chacun », indique Claude Léopold.
Formation à deux vitesses ?
Pour autant, les incertitudes persistent. Olivier Riboud, directeur performance et coordination de Veolia, craint par exemple la mise en place d’un système à deux vitesses au sein du marché de la formation : « Des auto-entrepreneurs et indépendants pourraient investir la Fest, offrant des prestations moins coûteuses et moins qualitatives, tandis que nos organismes de formation internes seraient cantonnés à l’obligatoire certifiant, au titrant et au diplômant », dit-il.
Pour le directeur d’Apave Formation, Nicolas Lonjou, « de nouveaux acteurs vont se mettre sur le marché pour conseiller les personnes sur l’utilisation de leur CPF », anticipe-t-il. Et Christophe Pons insiste sur la nécessité de « rester vigilant à ce que les opérateurs de compétences vont pouvoir proposer comme services aux entreprises ».
Actus de la réforme
Actus vidéo
Réforme de la formation : Conférence animée par Jean-Philippe Cépède le 12 juin 2018 à Marseille
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Facebook Live le 29/05/2018 : Webinaire sur la réforme de la formation professionnelle organisé par le Carif: